Aujourd'hui j'ai décidé d'interviewer Nicolas, un blogueur spécialisé dans le Bikepacking afin qu'il nous explique ce qu'est cette nouvelle tendance de voyage dont on entends de plus en plus parler. J'espère que cet article vous inspirera pour des prochaines vacances éco-responsables.
Interview d'un blogueur spécialisé dans le Bikepacking
Salut Nicolas, peux-tu nous dire qui tu es pour commencer ?
Salut, et bien moi c’est Nicolas, 37 ans et avide cycliste depuis mon plus jeune âge ! Je vis entre le Canada et la France depuis 7 ans maintenant. Je travaille pour une agence de voyage à vélo et rando, Backroads qui satisfait mes passions pour le voyage, le vélo la culture et le partage humain! En parallèle de ce job d’employé, j’anime un site sur le voyage à vélo, francebikepacking.com, où je partage mes expériences, connaissances et conseils sur le bikepacking pour les débutants et les plus expérimentés. Mon but est de faciliter l’accès au voyage à vélo.
Qu’est ce que le bikepacking signifie pour toi ? Est-ce simplement un moyen de voyager ou y a-t-il quelque chose de plus profond derrière cette pratique ?
J’ai toujours aimé faire du vélo. J’aime être dehors, sentir l’air sur moi, le soleil, les odeurs, j’aime les descentes ou les faux-plats descendants où je peux m’arrêter de pédaler tout en continuant d’avancer.
Pour moi, le bikepacking est une façon de prolonger la sortie un peu plus loin, un peu plus longtemps pour découvrir de nouveaux paysages, de nouveaux villages, relier des points sur une carte, rencontrer des gens. Quand je suis sur mon vélo, avec mon équipement minimaliste, je me sens incroyablement heureux, satisfait de faire ce que je fais dans le moment.
C’est vraiment la liberté car on peut vraiment faire ce qu’on veut : une journée de 300 bornes, ou une journée au bord de la rivière, dormir dans un bel hôtel ou s’échouer dans un abri bus, prendre à gauche vers les montagnes, ou à droite, vers la côte. On est entièrement libre de nos choix.
Quel matériel pour le Bikepacking ?
Comment fais-tu pour transporter tout ce dont tu as besoin pour ton voyage à vélo ? Le vélo n’a pas vraiment beaucoup d’espace de stockage, n’est-ce pas ?
Oui, c’est sûr qu’il n’y a pas d’espace de stockage intégré sur un vélo. Mais on peut très bien imaginer d’installer 4 grosses sacoches étanches de chaque côté à l’avant et à l’arrière comme tous cycle-touristes « traditionnels ».
Maintenant, avec le bikepacking, on cherche le minimalisme, la légèreté et la polyvalence. Minimalisme par le volume réduit des sacoches. Polyvalence par la possibilité d’utiliser une même sacoche peu importe le type de vélo que l’on possède. Polyvalence aussi dans le choix des équipements: on veut avec plusieurs utilisations pour un même objet. Exemple: une doudoune que tu porteras aussi la nuit te permettra de prendre un sac de couchage plus léger.
Le bikepacking est une pratique en pleine expansion et l’offre sur le marché est vaste et intimidante. Je m’attache donc à faciliter l’accès pour les débutants.
Le Bikepacking, une façon éco-responsable de voyager ?
Penses-tu que le bikepacking est une pratique durable et respectueuse de l’environnement ? Le vélo est souvent considéré comme un moyen de transport écologique, mais est-ce que cela s’applique également à cette forme de voyage ?
Je pense en effet que le bikepacking est, dans l’ensemble, une façon moderne et durable de voyager. C’est un transport doux, silencieux et de proximité qui n’a pratiquement aucun impact négatif sur son environnement direct même si on peut y trouver des limites…
Comme impacts directs, je pense surtout à l’érosion des sentiers lors de freinages “dérapés” ou par les e-bikes qui grimpent sur des sentiers fragiles en mode turbo… Aussi, l’incroyable réseau de routes secondaires en France et en Europe réduit la nécessité de construire des voies cyclables supplémentaires au travers de zones fragiles et protégées.
Les impacts indirects sont pour moi plus importants et sont les mêmes que beaucoup d’autres biens de consommation. Je pense à l’utilisation excessive de ressources et matériaux rares pour la fabrication d’éléments hautement technique, comme les composants en carbone ou la nouvelle mode du tout électronique… Et évidemment, ces composants sont tous fabriqués en Asie et doivent donc être importés chez nous sur des porte-conteneurs…
Enfin, on peut ajouter à ça les émissions de tous ces cyclistes qui traversent les océans et les continents en avion une à plusieurs fois par an pour voyager ou participer à des courses … anéantissant ainsi tous les bénéfices écologiques qu’aurait pu apporter leur décision de voyager à vélo ! Mais, je veux croire que cela ne concerne qu’une faible portion des pratiquants, principalement en raison des ressources financières importantes que représentent une telle pratique !
"En voyageant à vélo, on est au plus près de la nature et de l'humain"
La plupart d’entre nous utilise des vélos assez traditionnels (musculaires sans composants ultra-techniques) et ne voyage que dans leur environnement immédiat (France et Europe) en utilisant principalement le train ou la voiture individuelle pour se rendre au départ.
En voyageant à vélo, on est au plus près de la nature et de l’humain et cela nous aide à nous y reconnecter. On prête donc davantage d’attention à notre influence tout en en apprenant les spécificités et les différences des régions traversées. La compréhension est la première étape vers le respect.
Le bikepacking semble en effet une belle façon de se reconnecter avec la nature et les autres tout en nous amenant à être plus conscients de notre impact sur l’environnement. C’est une belle démarche à encourager !
Promouvoir le Bikepacking
Selon toi, comment peut-on promouvoir le bikepacking auprès de la population ?
Créer une communauté autour du bikepacking me semble être une des meilleures façons de promouvoir la pratique. Cela passe par la création de sites internet tels que France Bikepacking et Bikepacker ou l’animation de pages sur les réseaux sociaux sur lesquelles chacun peut trouver des réponses à leurs interrogations et problèmes.
Il est important de garder un état d’esprit ouvert, positif et bienveillant pour que chacun se sente respecté et à l’aise, quelle que soit son expérience. J’encourage aussi les initiatives locales d’organiser des événements ponctuels favorisant la découverte de la pratique.
Je pense enfin que les grandes marques de plein air ont un énorme pouvoir sur la promotion de la pratique auprès de la population, ce sont elles qui ont la véritable force de frappe marketing !
Futur projets personnels
Quels sont tes projets futurs en matière de bikepacking ? Y a-t-il un voyage ou une destination que tu rêves de faire à vélo ?
Si on parle de rêve, je dois bien admettre que voyager au Japon me plairait énormément, leur culture, leur gastronomie, leur nature et leur savoir-faire m’ont toujours attiré. Mais c’est loin et de part mon activité, je prends déjà trop régulièrement l’avion.
Donc pour l’instant, j’aimerais explorer davantage le croissant alpin en VTT et l’Italie et l’Espagne en gravel. Ce qui m’anime, c’est avant tout les humains, la gastronomie et les paysages.